Aimable délire
d’un songe amoureux!
Seul prix du martyre,
de mes tendres feux!
Instant, ou ma belle
me serroit si fort,
tu fuis avec elle!
vraiment elle a tort.
Sa langue à ma bouche
répondoit si bien,
son coeur si farouche
se changeoit au mien;
nos bras pèle mêle
Se serroient si fort.
Où s’envole-t-elle?
vraiment elle a tort.
Est il bien possible,
disois-je en son sein,
que tu sois sensible,
que tu m’aime enfin?
Iris moins cruelle
ne veut plus ma mort!
Ah! répondoit elle:
vraiment elle a tort.
Je l’entendois dire
D’un ton plein d’amour,
Cruel, tu peut rire,
Je souffre à mon tour.
Sa tendre prunelle
Le disoit encore.
Que n’attendoit elle?
vraiment elle a tort.
Tandis que mes larmes
Couloient de plaisirs,
Par quelles alarmes
Se met elle a fuir?
Pour fruit de mon zele
Quand je mouille au Port,
Où s’envole-t-elle?
vraiment elle a tort.
Cette enchanteresse
Change en se moment
Ma tendre allégresse
En affreux tourment.
Comme une hyrondelle
Qui prend son essort
Où s’envole-t-elle?
vraiment elle a tort.
Mais par quelle route
La suivre en ces lieux?
Je n’y vois plus goûte
En ouvrant les yeux.
A demi pucelle
Qu’elle etoit encor,
Où s’envole-t-elle?
vraiment elle a tort.